#78
Pennsylvania Station, New York, 1962
Sabine Weiss
New York est l’une des villes les plus photogéniques du monde, qui a inspiré des générations de photographes. La trépidente gare de Pennsylvania Sation, que tout le monde appelle Penn Station, est l’un des centres névralgiques de la ville, dans laquelle des centaines de milliers de banlieusards transitent chaque jour. Construite au début du XXe siècle à l’image des Thermes de Caracalla à Rome, sa façade Beaux-Arts possède la plus grande horloge en verre Tiffany du monde (diamètre de 4 mètres) et le plafond de la gare est recouvert d’une fresque qui représente une carte des constellations peinte par Helleu.
Ce décor spectaculaire ne laisse personne indiférent. Que de soit dans La Mort aux Trousses de Hitchcok dans lequel Cary Grant s’échappe de nuit ou bien dans les iconiques photographies d’Alfred Einsenstaedt, Berenice Abbott ou bien Louis Stettner pour n’en citer que quelques uns, Penn Station demeure pour les NewYorkais un endroit incontournable et familier.
Dans les années 1950, Sabine Weiss est reconnue aux Etats-Unis comme l’une des représentantes majeures de la photographie humaniste française. Dès 1953, elle participe à l’exposition Post War European Photo au Museum of Modern Art – le Moma puis, l’année suivante (1954), elle fait l’objet d’une exposition personnelle à l’Art Institute de Chicago. Enfin, en 1955, elle participe à la célèbre exposition The Family of Man, organisée par Edward Steichen pour le Moma. Cette photographie très graphique et de facture classique permet à Sabine Weiss de proposer son interprétation de l’incontournable Penn Station.
Selon John Szarkowski, le célèbre conservateur qui dirigea le département photographie du Moma pendant près de trente ans, une nouvelle génération de photographes a donné à cette approche du documentaire un tour plus personnel. Leur volonté n’est plus de changer la vie, mais de la connaître. Leur travail trahit un penchant affectueux pour les failles de notre société. Ils aiment le monde tel qu’il est, car c’est une source d’émerveillement et de fascination dont les incohérences ne les empêchent pas d’en apprécier la valeur… (New Documents, 1967).