#70

Sur la route de St-Tropez, 1950

Sabine Weiss

Il y a des hasards heureux, comme aime à le dire Sabine Weiss. Et celui-ci en est un formidable ! On aimerait tant, avec un coup de baguette magique, être transporté pour quelques instants à cette époque – celle où Saint-Tropez n’était qu’un petit village tranquille qui n’était pas encore célèbre, le Saint-Tropez d’« avant » Brigitte Bardot et d’avant Dieu créa la femme

Sabine Weiss aime l’instantané, l’improviste ; elle traque avec bonheur l’instant présent et prend un grand plaisir à photographier sur le vif, sans recherche de composition préalable : Je photographiais simplement les choses qui me plaisaient, que je rencontrais. Toujours à la recherche d’une atmosphère, elle aime témoigner : Moi, c’était les gens qui m’intéressaient. C’était l’humain, au naturel.

Et quel instant ! Ce quintet de copines, tranquillement installées au milieu du village et même de la rue, semble tranquillement refaire le monde en papotant. Et l’on se plaît à deviner ce que peut bien faire, debout toute seule, la dame au chandail noir sur la droite de la photographie. Qu’est-elle en train d’observer ? Attend-elle quelque chose ou quelqu’un ? Elle semble bien curieuse. Le poteau indique que l’on est tout près de Saint-Tropez – mais bien dans le monde « d’avant »…

Sabine Weiss, une photographe humaniste ? La photographe n’aime guère les classifications, et elle préfère répondre à qui le lui demande : Je suis une photographe un peu complète, comme un artisanat (…). Ce qui me plaît beaucoup, ce sont les atmosphères. En passant est-on tenté de lui répondre, comme le titre d’une de ses expositions.