#69

Jeune femme Jat, Gujarat, Inde

Asha Tadani

Cette jeune femme est une Jat, une tribu semi-nomade d’agriculteurs et de bergers installés de part et d’autre de la frontière entre le Pakistan et l’Inde – et plus particulièrement au Pendjab et au Rajasthan.

Les Jats du Gujarat ont émigré vers le Sindh, le Pakistan, l’Inde et même une partie de l’Iran il y a 500 ans, à la recherche de nouvelles terres de pâturage pour leurs troupeaux de moutons, de vaches et de chameaux. Leur origine demeure un mystère et l’on a même supposé qu’ils provenaient de contrées aussi lointaines que la Grèce. La plupart des spécialistes estiment cependant qu’ils constituent une population Indo-Scythe originaire d’Asie centrale. Les gitans d’Europe ont en effet constitué la dernière vague d’émigration aryienne en direction de l’Occident au début du XVe siècle. Si l’on en croit le Mahabharatta, les Jats étaient déjà présents sur le territoire indien 3000 avant J-C. Selon la légende, quelques tribus indiennes ont émigré en Arabie et s’y sont installées avant les débuts de l’Islam. Familiarisés à la médecine traditionnelle indienne, les Jats étaient renommés en Arabie pour leurs talents de guérisseurs. On dit même que certains d’entre eux étaient des compagnons de Mohammed, dont la femme aurait été guérie d’une maladie grave par l’un d’entre eux. Aujourd’hui, les Jats sont environ 6 millions en Inde et 4 millions au Pakistan.

Comme le veut la coutume, cette jeune fille porte un lourd anneau dans le nez  – un Nathli – qui est soutenu par une bande de fils tressés et porté au-dessus de son front. Il s’agit d’un ornement porté en permanence, même par les très jeunes filles.

Pour les Jats, le seul critère social qui compte est celui de l’âge et tous les membres de la tribu se considèrent comme égaux, quelle que soit leur position sociale ou financière. L’évolution de la société a cependant des répercussions considérables sur la structure sociale de ces tribus et le système de la famille traditionnelle unie perd petit à petit du terrain. Nul ne peut donc dire aujourd’hui combien d’années encore on pourra observer les jeunes femmes Jat porter ainsi leur Nathli.