#62

La petite égyptienne, 1983

Sabine Weiss

Cette image d’une petite égyptienne au sourire éclatant est l’une des plus célèbres photographies de Sabine Weiss. Ce que son auteur recherche avant tout, c’est la part d’humain de chacun d’entre nous – saisir l’instant, exprimer l’émotion, attraper le geste ou l’ambiance de la chose vue – ainsi, aime-t-elle à photographier les amoureux, les pauvres, les vieux mais surtout les enfants. Ce qu’elle a fait dans le monde entier.

En 1983, Sabine Weiss s’envole pour l’Egypte pour faire un reportage sur les coptes et veut découvrir leurs rituels, notamment le pèlerinage de Marguiguirgiz, à quelque 40 kilomètres de Louxor, sur la rive ouest du Nil. Le hasard a fait le reste : la petite Egyptienne n’est certainement pas copte, raconte la photographe. Je l’ai croisée sur la route, de l’autre côté du fleuve. Elle m’a beaucoup plu, cette petite fille. Elle est la joie de vivre… Et depuis, beaucoup de gens l’ont aimée. L’enfant vendait des poupées de chiffon, elle traînait sur la route à la recherche de touristes à qui vendre ses maigres colifichets. Elle incarnait la joie de vivre à tel point qu’on l’avait surnommée Oum Kalthoum, comme la célèbre chanteuse.

Célébration de ce qui fait la singularité du travail de Sabine Weiss – son amour pour la vie : Lumières, gestes, regards, mouvement, silence, repos, détente, je voudrais tout incorporer dans un instant pour que s’exprime avec un minimum de moyens l’essentiel de l’hommeMission accomplie avec le sourire flamboyant de cette enfant des rues, recueilli au hasard de ses pérégrinations sur les rives du Nil. Un bonheur qui reflète exactement la raison d’être de Sabine Weiss : Faire des images de ce que je vois dans la vie est un bonheur, une nécessité même. Pour moi, saisir l’instant, exprimer l’émotion, attraper le geste ou l’ambiance de la chose vue et de communiquer cette vision à autrui est la passion du photographe.