#59

Hendaye, 1934

Jacques Henri Lartigue

Cette image représente ce qui fait le génie de Jacques Henri Lartigue : une image parfaitement composée, au sein d’une géométrie merveilleusement maîtrisée, une image follement séduisante symbolisant la beauté, le charme, le bonheur. Une jeune femme – que l’on devine ravissante ­– est assise, de dos, sur une plage ; elle porte un merveilleux et immense chapeau. A côté d’elle se dresse une grande tente aux rayures noires et grises, gonflée par le vent d’été. Car bien sûr, c’est l’été, on ressent la chaleur du soleil, la brise légère ; en définitive, cette image s’apparente à une célébration de la vie, à la douceur de vivre et à l’ivresse de l’été.

Car ce que recherche Lartigue dans ses images, c’est un soupçon d’éternité, la promesse d’être dans son paradis à soi. Il dira d’ailleurs que la vie est une chose merveilleuse qui danse, qui saute, qui vole, qui rit… qui passe ! Et cette matière animée, je désire l’immobiliser, lui prendre au vol l’image (heureuse) d’un instant, un court fragment de temps qui signifiera désormais quelque chose d’éternel (Lartigue).

Ainsi, Jacques Henri Lartigue réussit-il, par la beauté de ses images, à réaliser ce qu’il désirait si passionnément : rendre éternel le bonheur de certains instants (Martine d’Astier).