#58

Devata I, Angkor Vat

Jaroslav Poncar

À Angkor Vat, le plus beau et le plus célèbre temple du Cambodge, de mystérieux personnages ornent ses murs depuis la nuit des temps. Enigmatiques et innombrables – on en dénombre plus de deux mille ‑ , les devata – divinités féminines – enchantent les visiteurs depuis plus de mille ans : sur chaque pan de mur (…), de ravissantes figures de jeunes filles vouées au dieux, des devata, l’accueillent et le charment (…). Elles s’emparent de lui et, envoûté par elles, d’étage en étage, il s’élève jusqu’au Sanctuaire Central, la demeure de Vishnu (Madeleine Giteau).

Toutes différentes – jeunes ou âgées, souriantes ou graves, princesses ou paysannes – mais toutes aussi ensorcelantes, telles qu’elles furent décrites par Pierre Loti dans son célèbre roman Le Pélerin d’Angkor quelles sont jolies et souriantes sous leurs coiffures de déesses, ayant toujours pourtant cette expression de sous-entendu et de mystère… Très parées, ayant des bracelets, des colliers, des bandeaux de pierreries, de hautes tiares pointues… elles tiennent entre leurs doigts délicats, tantôt une fleur de lotus, tantôt d’énigmatiques emblèmes ; toutes celles que l’on peut atteindre en passant ont été si souvent caressées, au cours des siècles, que leurs belles gorges nues luisent comme sous un vernis… Dans leurs niches brodées de ciselures, elles demeurent adorables.

Mais sont-elles seulement réelles ? Un vertige nous saisit devant leur ineffable beauté, et leur présence sublime dans un lieu si sacré invite au respect de ces admirables gardiennes du temple.