#129
Florette dans la Morgan, Provence, 1954
Jacques Henri Lartigue
On le sait aujourd’hui, Jacques Henri Lartigue, célébré comme un immense photographe du noir et blanc, était aussi un amoureux de la couleur. La couleur, qui est aussi le symbole de la joie de vivre – une nouvelle vie qu’il entame à 60 ans, alors qu’il vient de rencontrer Florette qui a 27 ans de moins que lui et qui lui donne une nouvelle jeunesse. Il mènera avec elle une vie de bohème, frugale, mais heureuse et libre. Je prends à tort et à travers de stupides photographies et mon paradis sans ombre me semble invulnérable…
Lartigue se moque bien des catégories, et il ne participe à aucun débat sur l’usage ou non de la couleur en art. D’ailleurs, il ne faut pas oublier qu’il se présente comme un peintre professionnel et un photographe amateur : J’ai toujours voulu être peintre. C’est donc avec mon œil de peintre que je vois tout. En couleur, donc. Et si, dans sa prime jeunesse (1912-1927), il a fait beaucoup d’autochromes, il adopte, à partir des années 1950, l’Ektachrome qui, selon ses mots, est le mieux capable d’exprimer le charme et la poésie.
Photographe instinctif, il photographie spontanément, et l’image qu’il produit devient ainsi le miroir des plaisirs de la vie. Pour moi, dit Lartigue, la vie et la couleur son indissociables.
La couleur donc, pour célébrer le bonheur, la joie et la beauté sous toutes ses formes.Tout cela reste d’ailleurs une sorte de miracle. Le paradis n’est pas perdu, dit-il, parce que le moindre champ d’herbe ou de coquelicots m’enchante. Le paradis est partout, mais on ne le voit pas.
Aucune nostalgie dans ses images, mais une énergie et une joie de vivre communicantes. Et pardessus tout, une grande liberté et une modernité absolue.