#128

Bantea Srei, Angkor

Véronique de Folin

C’est un endroit un peu perdu, à une vingtaine de kilomètres au nord d’Angkor, presque au pied du Phnom Kulên, près de la rivière du Stung Siemreap. Situé en pleine forêt et d’une échelle très réduite, le temple de Bantea Srei a longtemps échappé à l’attention de tous, puisque sa découverte par les Français remonte seulement à 1914. Le temple atteignit la célébrité lorsqu’André Malraux y vola des bas-reliefs en 1923, pièces qu’il fut obligé de rendre à l’issue d’un procès retentissant. Paradoxalement, ce scandale aura attiré l’attention sur le sanctuaire, dont la restauration sera menée de façon remarquable par Henri Marchal, entre 1931 et 1936, avec la technique de l’anastylose – une méthode qui consiste à réédifier un monument effondré avec ses propres matériaux.

Bantea Srei, dont le nom signifie la citadelle des femmes, est une vraie merveille et ne peut se comparer à rien d’autre à Angkor. Sa petite taille surprend et reste inexpliquée. Sa décoration ornementale en grès rose admirable, voisine de la perfection, en remarquable état de conservation et d’une beauté incomparable, laisse rêveur.

Bantea Srei dégage un charme très particulier. Tout visiteur est ainsi rapidement ensorcelé par ce temple exquis, minuscule ; une certaine langueur s’installe au cours de nos déambulations et il faut s’arracher à la contemplation de ces figures merveilleusement ciselées si l’on veut espérer en repartir. Oui, décidément, Bantea Srei occupe vraiment une place tout à fait particulière parmi les monuments du groupe d’Angkor…