#122
Apsara VI, Khajuraho, Inde
Olivier Barot
Je suis le commencement et la fin de tous les êtres,
Et dans les vivants, je suis la conscience ;
Entre ceux qui ont descendance, je suis l’amour ;
Entre les fleuves, je suis le Gange,
Je suis le vent parmi les purificateurs,
Je suis le temps impérissable, la beauté, la gloire…
Bhagavad-Gitâ, X, 20-34
La Bhagavad-Gitâ, terme sanskrit se traduisant littéralement par chant du Bienheureux ou Chant du Seigneur, est la partie centrale du Mahabharata, la grande épopée indienne. Ecrit entre le III° siècle av. J.-C et le III° siècle après J.-C, c’est l’un des textes fondamentaux de l’hindouisme. De composition et d’inspiration autonome du Mahabharata, elle expose l’enseignement métaphysique et mystique donné par Vishnou, sous la forme de Krishna, à Arjuna, l’un des princes, héros de la guerre qui met aux prises les deux clans rivaux et apparentés des Kaurava et des Pandava.
La Bhagava-Gitâ commence aux derniers moments qui précèdent le combat. Arjuna, voyant devant lui les deux armées qui opposent les uns aux autres parents et amis, est pris de vertige : les armes lui tombent des mains et il expose ses doutes à Krishna, son parent et son suta (à la fois conducteur de char et barde). Ce dernier, tout en conservant à cet instant ses apparences humaines, ordonne à Arjuna de combattre puis, peu à peu, révèle sa véritable identité de dieu, Vishnu. A ce moment-là, le texte, tout en exaltant le Dieu suprême, se transforme en un poème didactique, parfois lyrique, sur les devoirs de caste – le devoir individuel, svadharma – et sur les moyens d’obtenir la libération hors du cycle des renaissances, par le détachement du fruit de ses actes.
Encore aujourd’hui, la Bhagavad Gita conserve une grande importance dans la pensée indienne. On la considère comme un livre saint, à l’égal des Veda et des Upanishad. Mais plus encore, elle exerce une grande influence auprès des foules, dont elle alimente la piété depuis plus de deux mille ans.