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Durga, Mahabalipuram, Inde

Olivier Barot

Durga – littéralement L’Inaccessible en sanskrit – est l’une des plus redoutables déesses du panthéon hindou. Epouse de Shiva, elle incarne la shakti (l’énergie). A l’image de Shiva, Durga détient le pouvoir de destruction – un terme à prendre au sens noble, c’est-à-dire en respectant le dharma. Car Durga a comme ultime but de maintenir l’harmonie universelle en annihilant les menaces qui visent l’ordre naturel.

Durga est adorée car elle protège l’humanité du démon. Son exploit le plus célèbre fut le combat contre le démon-buffle Mahishasura. Toujours dépeinte vêtue d’un sari rouge, elle est représentée avec dix bras, chacun dotés d’une arme redoutable. Guerrière infaillible, elle est armée d’objets qui lui ont été offerts par les dieux pour vaincre les démons : le disque de Vishnou, le rosaire de Brahma, la lance de Kumara, l’arc et la flèche de Surya, la hache de Chandra, la massue de Hanuman, le bouclier et le sabre de Yama, la hache d’Agni, la conque de Vayu, le trident de Shiva et l’éclair d’Indra. Elle est toujours accompagnée d’un lion ou d’un tigre sur lequel elle est assise, nommé Damon.

C’est à l’automne qu’a lieu le plus grand festival consacré à Durga un peu partout en Inde mais c’est à Calcutta et au Bengale que la déesse est fêtée avec le plus grand faste. Dans le Ramayana, Rama, avant de livrer bataille contre Ravana, supplia la déesse de lui accorder sa bénédiction. Emue, la déesse lui apparut et lui assura la victoire. Depuis, Durga est célébrée chaque année pendant les 9 jours et les 9 nuits que dura la bataille : c’est la fête de Navratri, qui veut dire les neuf nuits. Durga est adorée sous neuf formes différentes : Dourga Maa, la déesse de la guerre, celle que personne ne peut blesser ; Maa Kali, celle qui a le pouvoir sur le Temps ; Jagadamba, la mère de l’univers ; Annapurna, celle qui donne la nourriture ;  Sarvamangala, celle qui donne de la joie à tous ; Bhairavi, celle qui donne la mort ; Chandika, celle qui donne de la colère ; Lalita, celle qui joue et Bhavani, celle qui donne l’amour, qualificatif que l’on donne également à Parvati, l’épouse de Shiva.

En Inde, aujourd’hui encore, les dieux sont parmi nous. Loin de situer la divinité dans une transcendance inatteignable, les Indiens l’accueillent à tout instant et en tout lieu. Ils font de leur vie une religion (Jean-Claude Carrière, Dictionnaire amoureux de l’Inde, Mythologie).