Les 100 ans de Marc Riboud
Au cœur de l'Histoire
Marc Riboud est né à Lyon le 24 juin 1923, et nous fêtons aujourd’hui ses 100 ans.
Les photographies présentées à la galerie à cette occasion reflètent son parcours, ses affinités et son style, teinté tantôt de gravité, tantôt d’humour, mais toujours talentueux, élégant et percutant. Marc Riboud a traversé le XXe siècle en étant souvent, de manière aléatoire ou bien parfaitement délibérée, un témoin privilégié de son temps – la Résistance dans le Vercors en 1944, l’Afghanistan et l’Inde des années 1950, la Chine du Grand Bond en Avant, le Cambodge à l’époque des Khmers rouges ou bien le Vietnam pendant la guerre, etc. Aussi peut-on dire qu’il a été au cœur de l’Histoire.
Après des études d’ingénieur qui ne le passionneront pas longtemps, il bifurque et décide de se consacrer à la photographie. Et c’est sur un coup d’éclat – la photographie du peintre de la Tour Eiffel en 1953 – qu’il rentre à l’agence Magnum, à l’invitation de deux parrains prestigieux, Henri Cartier Bresson et Robert Capa. Une nouvelle vie commence alors … Dès 1955, le voici sur les routes, pour son grand voyage initiatique en Asie : le Moyen-Orient, l’Afghanistan, l’Inde, puis la Chine et le Japon. Suivront, dans les années 1960, les reportages à l’ère des indépendances nationales : Algérie, Afrique subsaharienne (Ghana, Nigéria, Guinée), Bangladesh (1971), Vietnam mais aussi Cuba, et sa rencontre épique, en pleine nuit, dans un hôtel de la Havane, avec Fidel Castro, ou bien encore Moscou en pleine guerre froide, quelques années plus tard. Et quelques constantes : Marc Riboud retournera régulièrement en Orient (l’Iran des années 1970) et en Extrême-Orient, principalement à Angkor, pour lequel il a cultivé un intérêt passionné et surtout en Chine, pays qu’il connaît depuis trente ans. L’Histoire le rattrapera en Europe : la Pologne de Solidarnosc des années 1980, le procès de Klaus Barbie en 1987. Enfin, un ultime voyage en Chine, sur les conseils de son ami Zao Wou-Ki, à la découverte de Huang Shan, la « Montagne Jaune » tant prisée des peintres chinois. Son dernier voyage au long cours sera pour l’Afrique du Sud, à la fin des années 1990, après la fin de l’apartheid et l’élection de Nelson Mandela, où il ira photographier les townships de Soweto. Ironie de l’Histoire, il verra à New York, où il est de passage à l’occasion de la remise du prix Leica Lifetime Achievement, les attentats du 11 septembre 2001, qu’il photographie sur la télévision de sa chambre d’hôtel… Une bien belle carrière pour un homme qui avouait, non sans une certaine coquetterie, qu’il lui arrivait de « penser qu’il n’était pas fait pour les voyages »…
Mais c’est à Paris, près du merveilleux jardin du Luxembourg qu’il aimait arpenter, que Marc Riboud reviendra toujours. Ses deux photographies iconiques sont là pour en témoigner : prises en 1953, au début de sa carrière, le peintre de la Tour Eiffel, tout autant que la religieuse devant Notre-Dame nous offrent, avec un clin d’œil malicieux et poétique, toute la palette de son talent. Comme disait de lui son grand ami Eliot Erwitt, Marc is serious about not being serious. Un brin de charme et de légèreté n’est jamais négligable ! …
Exposition du 27 juin 2023 au 25 novembre 2023