#126
Mistra, Grèce
Robert McCabe
Au cœur du Péloponnèse se trouve Mistra, la merveille de Morée. Fondée par les Francs au XIII° siècle, près de l’antique Sparte, elle est aujourd’hui en ruines.
En 1249, Guillaume II de Villehardouin, alors prince d’Achaïe, souhaitait construire une forteresse afin de protéger Sparte, son lieu de résidence favori. Mais Mistra ne restera pas longtemps sous la coupe des Francs et sera rapidement reconquise par les Byzantins (1259, bataille de Pélagonia). L’empereur Michel VIII Paléologue fait alors de Mistra la capitale du Despotat (principauté) de Morée, statut qu’elle conservera jusqu’à la chute de l’Empire byzantin (1453). C’est l’époque de gloire de la cité, qui devient alors la deuxième plus grande ville de l’Empire après Constantinople. La suite de son histoire est tout aussi tumultueuse : occupée par les Turcs et les Vénitiens, la ville fut rasée au milieu du XIX° siècle par Ibrahim Pacha puis entièrement abandonnée (1832) – date à partir de laquelle son déclin est irrémédiable.
Mystra fut également un grand centre intellectuel. Au XV° siècle, la notoriété de Gémiste Pléthon, philosophe néoplatonicien, attira de nombreux intellectuels byzantins – dont l’influence fut ressentie jusqu’à l’Italie de la Renaissance. La beauté de ses bâtiments et la renommée de ses bibliothèques participèrent également à l’exceptionnelle influence de la culture byzantine sur le monde méditerranéen.
Aujourd’hui Mystra est une ville oubliée, une cité perdue. De ce chemin antique entouré d’une majestueuse haie d’oliviers, cette photographie prise juste après le passage d’une petite ondée – une chose rare en Grèce –, sous un ciel ombragé, nous mène, sans hésiter, auprès d’un des plus beaux témoignages d’architecture byzantine de Grèce.