#124

L'arbre et la poule, France, 1950

Edouard Boubat

Voici l’histoire très banale d’une photographie devenue très célèbre : Cette photo a une histoire. Grâce à Eugène Smith j’avais été envoyé dans le sud de la France – je n’avais plus un sou à cette époque – pour faire un reportage sur le maïs. Je travaillai avec un Rollei – et dans un Rollei, (…) il y avait douze photos. J’avais fini le reportage, je devais prendre le train à six heures du soir, il était quatre heures, il restait une dernière photo dans l’appareil. Je passe devant une cour de ferme, je vois mon arbre et la poule, clac, je fais la photo, c’était simplement pour terminer mon film. De cette photo de la poule et de l’arbre il n’y en a eu qu’une, c’était la photo numéro 12. (Edouard Boubat)

Chaque soir de la création du monde, nous dit la Genèse, Dieu contempla ce qu’il avait fait et il vit que cela était bien. Dans les paysages de Boubat, il y a toujours quelque chose de ce regard divin posé comme une bénédiction sur la fin d’un jour créateur. Devant ses images, le mot grâce nous vient tout naturellement à l’esprit, et nous ne pouvons dire s’il faut l’entendre dans son sens théologique ou dans son sens chorégraphique, tant la beauté du geste est inséparable chez lui de la bonté du ciel. (…)
Boubat, lui, est vraiment l’organisateur des merveilles qu’il photographie. Le monde lui obéit, comme il obéissait à Orphée. (Michel Tournier)