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Fleur

Jacques Henri Lartigue

Jacques Henri Lartigue est célèbre pour ses délicieuses photographies en noir en blanc. On sait moins, par contre, qu’il a beaucoup photographié en couleur, jusqu’à constituer un tiers de son œuvre. Cet aspect méconnu de son travail a été découvert sur le tard, et ce n’est qu’en 2017 qu’a été organisée sa première exposition de photographies exclusivement en couleur (Lartigue, la vie en couleur).

Jacques Henri Lartigue a pratiqué la couleur à deux périodes de sa vie : de 1912 à 1927, il fait des autochromes  stéréoscopiques – des images fixées sur des plaques de verre destinées à restituer le relief quand elles sont regardées dans une visionneuse ; puis à nouveau, à partir de 1950. Il utilise alors des films couleur, que ce soit avec son Rolleiflex – privilégiant le format carré en faisant des Ektachromes 6 x 6 – ou avec son Leica – en utilisant des films 24 x 36. La couleur est, selon ses propres mots, ce qui est le mieux capable d’exprimer le charme et la poésie – en particulier l’autochrome de sa jeunesse qui, par son grain, rappelle la peinture pointilliste.

Pour Lartigue, lumière et couleur vont de pair, et la couleur ajoute une nouvelle dimension à sa palette, plus proche du peintre qu’il a tant aimé être. Car il ne faut jamais oublier qu’il se présente comme un photographe amateur et comme un peintre professionnel. La couleur, qu’il s’est réapproprié dans la dernière partie de sa vie, révèle sa créativité et une liberté retrouvée. Mais surtout, la couleur est un grand bonheur, une sorte de miracle : Le paradis n’est pas perdu, dit-il, parce que le moindre champ d’herbe ou de coquelicots m’enchante. Le paradis est partout, mais on ne le voit pas.