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Le temple écroulé, Tranquebar, côte de Coromandel, Tamil Nadu, Inde, 2005

Véronique de Folin

Sur la côte de Coromandel, à trois heures de route de Pondichéry, s’élève, le long du littoral, le paisible petit village de pêcheurs de Tranquebar, un port au destin bien singulier. Ou plutôt, de son nom indien, Tharangambadi, l’endroit où chantent les vagues en tamoul.

Devenu un comptoir danois prospère sous l’autorité de la Compagnie danoise des Indes orientales de 1620 à 1845, il devient, à partir de cette date, une colonie anglaise. Et l’on retrouve encore aujourd’hui, dans ce petit établissement portuaire, quelques souvenirs de son héritage danois : l’église de Sion, construite en 1701 et l’un des plus anciens lieux de cultes protestants de l’Inde ainsi que l’église de la Nouvelle Jérusalem, fondée en 1718 par des missionnaires protestants ; mais également le célèbre fort de Dansborg, construit en 1620. Pour la petite histoire, c’est ici, en 1715, que fut imprimé le premier exemplaire du Nouveau Testament en tamoul…

Un peu plus loin, sur la charmante plage de Tharangambadi, se dressent, au milieu des flots, quelques vestiges du temple de Masilamani Nathar, un édifice du XIIIe siècle entièrement dédié à Shiva et dévasté par le terrible tsunami de décembre 2004. Le Tamil Nadu est le pays des temples ; et celui-ci, brisé, rongé par les flots, est profondément troublant. Le sentiment de dépaysement, que l’on ressent souvent en Inde, est ici décuplé par l’émotion suscitée par ces ruines laissées à l’abandon, dans ce petit coin oublié du golfe du Bengale.