Le bain des éléphants dans le Gange, 1956
Marc Riboud
Au début de sa carrière de photographe, Marc Riboud, au volant d’une Land Rover d’occasion, accepta d’obéir aux conseils de ses amis de l’agence Magnum, qui lui intimaient l’ordre de voyage : You must travel ! En route pour l’Est de l’Asie, il traversa le Moyen-Orient pour atteindre l’Inde, pays immense et fascinant qui devait le retenir une année entière, avant qu’il ne poursuive son périple plus à l’Est, vers la Chine. A cette époque, comme l’avait concédé le photographe, dans les années 1960, l’Inde et la Chine étaient encore des terra incognita que les photographes pouvaient montrer.
Parmi les innombrables photographies réalisées par Riboud durant son séjour indien, celle du bain des éléphants dans le Gange, prise en 1956, garde encore aujourd’hui tout son charme et son mystère. On y contemple une scène que l’on croirait échappée d’une des légendes du Ramayana ou du Mahabharata : sur le devant de l’image, une pirogue passe lentement ; à l’arrière, des éléphants, conduits par leur mahout, traînent paisiblement dans l’eau sacrée du Gange. Une sérénité à toute épreuve !
On ignore à quel moment de la journée a été prise cette photographie, mais après tout, peu importe ; ce qui compte, c’est qu’il s’agit d’une bonne photo, même d’une belle photo, d’une image dont l’esthétisme, la composition, la forme et le fond nous conquièrent. Car de l’aveu même de Marc Riboud, avant toute chose, une photo doit avoir le pouvoir d’émouvoir.