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Sur le toit du Jokhang, Lasha, Tibet

Jaroslav Poncar

Le temple du Jokhang est le cœur spirituel de Lhassa et le temple le plus sacré de la religion bouddhiste tibétaine. Son nom signifie la « maison du Jowo », en référence à la célèbre statue qu’il abrite, et que l’on appelle également Tsuklkang.

Historiquement, c’est le premier temple bouddhiste construit au Tibet par le roi tibétain Songtsen Gampo, au VIIe siècle, pour héberger la fameuse statue du Jowo amenée par son épouse népalaise Bhrikuti, et représentant le Bouddha.

Après avoir été vandalisé pendant la Révolution culturelle chinoise, il a été petit à petit réhabilité et protégé, puisqu’il est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco depuis l’année 2000. Abritant un vaste complexe de cours, de chapelles et de bâtiments d’habitations sur plus de 2 hectares, le Jokhang s’élève sur quatre niveaux et ses toitures sont recouvertes de tuiles de bronze dorées. C’est, en définitive, un bâtiment qui introduit une sorte de syncrétisme entre les styles indien, népalais et Tang. Aujourd’hui, le Jokhang demeure le seul témoignage des architectures en bois indienne ayant survécu jusqu’à nos jours.

C’est enfin et surtout un célèbre centre de pèlerinage bouddhiste depuis des siècles. Venant parfois de très loin, les innombrables pèlerins accomplissent leur chemin de prière mètre par mètre autour du Jokhang, progressant sur le circuit rituel en faisant des kjangchag – les prosternations consistant à se projeter en avant à plat ventre, à se relever et à recommencer à l’endroit même où leurs mains ou leur front a touché le sol. Une fois arrivés dans le temple, les pèlerins se prosternent de tout leur long en direction du sanctuaire. Chaque année se tient, au Jokhang, la Fête de la grande prière, Mönlan Chenmo, qui dure trois semaines – quand elle n’est pas interdite par le gouvernement chinois…