Lamayuru en hiver, Ladakh, 1976

Jaroslav Poncar

Le monastère de Lamayuru, dont le nom originel est Yungdrung Tharpaling, est le plus ancien monastère tibétain du Ladakh. Situé dans une région très reculée, à plus de 100 km à l’ouest de Leh – la capitale du Ladakh – sur la route de Srinagar et à haute altitude (3500 mètres environ), il appartient à la lignée Drikung de l’ordre Kagyupa.

L’origine du monastère est fondée sur une légende. Selon celle-ci, le site sur lequel le village et le monastère se situent se trouvait à l’époque du Bouddha Shakayamuni sous un grand lac abritant des nagas, des créatures maléfiques apparaissant sous la forme de serpents et qui rendaient la vie impossible à la population locale. C’est alors qu’un saint homme, l’arhat Madhyantika, se rendit au lac de Lamayuru, fit des offrandes aux nagas et provoqua une fissure sur l’un des côtés de lac, afin que l’eau puisse s’en échapper – supprimant ainsi aux nagas leur lieu de vie et donc leur existence même. On dit également qu’il prononça une prophétie selon laquelle les enseignements du Sutra et du Tantra unifiés y verraient plus tard le jour. C’est sur l’endroit précis où le miracle a eu lieu que le monastère fut ultérieurement édifié.

De telles légendes sont très répandues dans l’Himalaya, et l’on raconte que les vallées du Cachemire et de Katmandou ont été créés de la même manière. Les géologistes avancent cependant des explications plus rationnelles sur ces phénomènes. Ils estiment que ce ne sont pas des dieux ou bien de saints hommes qui sont à l’origine de ces fuites d’eau mais plutôt des tremblements de terre. On considère ainsi que c’est un tremblement de terre vieux de 50.000 ans qui aurait provoqué le drainage du lac de Lamayuru. Une vision très prosaïque qui n’empêche pas Lamayuru de demeurer un des endroits les plus sacrés de l’Himalaya…